L’ascension de Dayuse aux États-Unis : défis, apprentissages et succès d'une start-up française

 
Publié le 17/09/2024
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Une vision française qui a conquis le marché américain

Par David Lebée, Fondateur et PDG de Dayuse

L’histoire de Dayuse, c’est celle d’une idée née dans les couloirs de l'hôtel Amour, là où j’ai passé plusieurs années en tant que directeur. En observant les habitudes des clients, j’ai réalisé qu’il manquait une offre simple : pouvoir réserver une chambre d’hôtel en journée, sans forcément y passer la nuit. Cette idée, destinée essentiellement à une clientèle locale, a rapidement trouvé son public. En quelques mois, des dizaines d’hôtels nous ont fait confiance pour remplir leurs chambres vides en journée. Au bout d'un an, j’ai quitté mon poste de directeur et je me suis lancé à fond dans cette aventure entrepreneuriale.

Depuis nos débuts, nous avons connu une croissance rapide, mais ce sont les insights tirés de notre développement à l’international, en particulier aux États-Unis, que je souhaite partager ici. Il ne s’agit pas d’une recette miracle ni d’un mode d’emploi, mais plutôt d’une série d’échecs qui nous a permis d'atteindre 85 % de notre chiffre d’affaires à l'international. Depuis la création de Dayuse fin 2010, c'est près d’un milliard d’euros en volume d’affaires qu'on a généré à nos partenaires.

Un service qui répond à un besoin universel

Le succès de Dayuse repose sur une proposition de valeur unique : offrir un espace confortable pour quelques heures en journée. C’est un modèle gagnant-gagnant pour les hôtels qui rentabilisent leurs chambres vides tout en attirant une nouvelle clientèle sans perturber leur activité nocturne. On touche trois types de clients : ceux qui veulent profiter des services de l’hôtel (spa, piscine…), les voyageurs en transit, et les digital nomads à la recherche d’un espace de travail. On a su rendre cette expérience accessible à tous en digitalisant notre service pour le rendre ultra simple et efficace.

David Lebee Dayuse PhocusWright 2016
Visuel simple

L’aventure américaine : du rêve à la réalité

Comme beaucoup d'entrepreneurs français, j'avais ce rêve américain en tête. Pour moi, c'était l’occasion d’adapter notre modèle à un marché innovant et ultra-compétitif. L’arrivée aux États-Unis n’a pas été un long fleuve tranquille ! On a commencé par Miami, pensant que la proximité avec l’Amérique latine serait un avantage… mais ça s'est vite avéré une fausse bonne idée.

Pour poser le décor, à nos débuts à Miami, on pensait avoir le bon set-up : un petit bureau dans un quartier pas terrible mais pas cher, un appart loué, et une Ford en leasing. Mais on s'est retrouvés à faire des démarches dans des salles de réunion surdimensionnées, entourés d’avocats bling-bling ! On nous voyait plus gros que ce qu’on était vraiment, et nous, on essayait de suivre avec nos moyens limités. C’était surréaliste !

Le recrutement là-bas a été une épreuve. On rencontrait des candidats avec des prétentions salariales à 300 000 dollars par an, soit une part considérable de notre chiffre d’affaires. On a fini par s’aligner sur les prix du marché, 3 à 4 fois plus élevés qu'en France. L’investissement a été conséquent, et les négociations salariales sont très différentes, la loyauté étant avant tout liée au salaire ! Les Américains sont des experts en auto-promotion, souvent dans le style 'fake it till you make it', on peut se faire avoir au début. Et Miami, qui nous semblait être une ville business, s’est révélée très orientée "loisir". Nos employés arrivaient en tongs et shorts, super détendus, souvent en retard alors qu’on essayait d’importer notre exigence à la parisienne. Le décalage était énorme. Après 5-6 mois, on a dû admettre notre échec et on a décidé de migrer à New York .C’était une période de grande remise en question, mais elle nous a permis de rebondir plus efficacement

Le pivot à New York et la montée en puissance

À New York, on a pris un coworking minuscule à The Yard, en plein Manhattan, avec une équipe de cinq dans un bureau de 20m2. C’était loin du glamour : on faisait attention à chaque dépense, on voyageait en éco (et on continue), on dormait dans des petits Airbnb. Mais on était focalisés sur notre mission.

On a vite compris que pour réussir aux États-Unis, il fallait être présent sur le terrain. On a commencé à recruter dans nos cinq grandes villes : Miami, Los Angeles, Chicago... Nos collaborateurs américains nous poussaient à changer notre modèle, à introduire le paiement en ligne et des pénalités d’annulation. Ça nous a fait perdre du temps. Finalement, on est revenus à l’essence même de Dayuse : un service ultra-flexible et c’est là que les choses ont vraiment décollé.

Des erreurs, des leçons, et un succès bien mérité

À l’époque, on avait une approche un peu pirate. Sans gros moyens, on squattait les lobbys d’hôtels pour essayer d'attraper les décisionnaires (agent de réservation, responsable de la réception etc.) pour leur pitcher notre concept. Et si ça ne prenait pas, on n'hésitait pas à revenir par la fenêtre ! On visait les hôtels qui nous faisaient rêver. On a dû prouver notre valeur sur des hôtels de moyenne gamme de type 3 étoiles avant de décrocher les partenariats avec les grands noms comme le mythique The Standard ou TheGoodTime de Pharrell, qui aujourd’hui, se situent parmi nos meilleurs partenaires.

On avait une vision naïve, voire utopique, en pensant qu’on serait accueillis à bras ouverts. Mais on a vite compris que le rêve américain n’était pas si simple. On nous voyait comme des petits Français, un peu "vieille école". Heureusement, avec notre nom anglais, on passait souvent pour des Américains, ce qui nous aidait à décrocher des rendez-vous.

On a appris qu’aux États-Unis, il faut vraiment être sur place, ne pas se laisser distraire, s’accrocher. C’est un marché qui offre d'énormes opportunités, mais qui exige de la patience, des moyens et une capacité d’adaptation permanente.

Le vrai challenge, c’est de rester focus malgré les obstacles et les tentations. On se sentait investis d'une mission au point de ne même pas faire de tourisme lors de nos déplacements à New York. On faisait preuve d’une grande abnégation, tout en étant animés par un enthousiasme sans faille.

Nos efforts ont payé : en 2016, nous avons remporté un prix prestigieux dans l’industrie de l’hôtellerie qui récompense les entreprises ayant réalisé des innovations significatives dans leur secteur : le People’s Choice Award for Best Innovation, remis à la conférence Phocuswright. Un souvenir mémorable et une reconnaissance incroyable qui nous a vraiment boostés.

La clé du succès : la persévérance

L'acquisition clients aux États-Unis, c'est une toute autre histoire. En France, on pouvait facilement faire du brand awareness avec des campagnes en affichage extérieur, sur les bus ou même à la télé. Mais aux États-Unis, c'est une autre échelle, beaucoup plus complexe et coûteuse. Il a fallu adapter notre stratégie et nos volumes d'investissement, car il était tout simplement impossible d’être partout à la fois.

Aujourd’hui, Dayuse est le leader mondial de l’expérience hôtelière en journée, avec 8 500 partenaires dans 28 pays et des contrats cadres avec les plus grands groupes. Les États-Unis représentent 35 % de nos résultats. Si j’avais un conseil à donner à ceux qui rêvent de se développer là-bas, c’est de s’armer de patience, ne pas se laisser influencer et de croire en son projet. Le chemin est long, mais les opportunités sont énormes pour ceux qui tiennent bon.

Au final, le rêve américain, ça peut devenir une réalité, mais pas forcément comme on l'avait en tête. C’est un parcours exigeant, la récompense en vaut la peine. Chez Dayuse, on a relevé le défi, et aujourd’hui, on en récolte les fruits avec fierté. Because, yeah, hard work pays off!

The Standard - East Village x Dayuse
The GoodTime Hotel X Dayuse

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